Aubes
Le soleil se lève et couche sur toutes surfaces de longues absences. Le gel percute et se signe. Déjà, lentement, le jour cligne ses soirées. Les volutes d'Ingres des lubies d'hiver brisent mon coeur d'une ardeur illisible: les moeurs ont leurs saisons que la saison abhorre. -- Les volutes de la volupté L'opprobre approbation des possibles postiches (pastiches passibles) Les misères du mystère, alvéoles auréolées, Intimement infimes et affirmément infirmes’ S'apparentent aux abbérances (pittance de l'appétence). De ces narquoises ardoises, ornées et erronées Salades salaces sous la sapience des ses semblances. Si nos généraux généreux dessinent à dessein De si noueuses sinueuses, volatiles volatiles Aux fragrances fulgurantes qui nous embrassent et nous embrasent, L'amulette mulâtre, aérolithe d'orichalque (Objets de cul avez-vous donc une âme?) Leur défonce les défenses, encensoir à censeurs: Les repentis se répandent en réponses. Futile et furtif: l'intempestif du temps festif Méfaits ephémères ou ferments enfermés? L'induction onirique enduit en erreurs. À mort! Abhorre à tort? Alors adore! Un mot tard (amas tort): mort sur le tas, ô tares, ô maux, ô veilleuse inouïe! La conversation sera conservée si la versification est sevrée. -- Calendes C'est le joli mois de décombres Le Moi plein de griffes encombre l'ascenseur vers les chats faux Ça alors, le Ça fait caca dans les combles et le petit Surmoi s'est cassé la gueule dans l'esprit de l'escalier Il y a pépé qui déménage, donnons-lui donc une belle chemise. -- Profession: fidèle Marchons à la surface, René: Tu es pierre éclose d'autres pierres Et sur toi j'abattrai ma nef de réglisse (Tu as la pêche il reste du pain, pas besoin de brioches) J'ai toujours su la Mélanésie. L'eusses-tu cru? -- Un poney des porneaux Elles est rongées dans la mansarde de leurs âme Elles n'a qu'une face et quelques points de profil Mais de dos on ne voit que des trous dans des trous, vide de creux, tignasse à se perdre J'aimerais être l'horizon qu'elles veut hélas atteindre Mais je me contenterai d'une tasse d'été effleurée par sa grandes lèvres. Vue de nuit, elles était bien gravide d'affairer ma corne d'aisance. -- Tentatives irréfléchies Peut-on Fermer un regard? Tendre un sourire? Ronger ses espérances? Manger une entente? Envisager des saveurs vides? Vider son visage? Nier l'impensable?
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Quant on traduit de la poésie, on obtient une traduction. Mais pas de poésie.
-- À la question philosophique "Qu'est-ce que l'homme?" la réponse sera dépouillée. L'homme est une machine qui essentiellement fabrique de la merde. La réponse à la corollaire "Qui suis-je?" est encore plus simple. -- Ce qui se réflète dans un miroir est uniquement la lumière. L'apport du soi consiste uniquement à s'en extraire: toute lumière est réfléchie sauf la part absorbée. Pas étonnant que l'idée du soi formée après réflection soit fondamentalement faussée. On ne prend en compte que les apparences d'un résidu, ou le résidu d'une apparence. -- Après tout nous ne sommes que des véhicules. Ni plus ni moins. Nous adorons nous confondre avec notre contenu. -- Étrange débat entre réalistes et nominalistes. Selon les uns, le monde est agencé tel qu'il est et nous le décrivons de notre mieux en pur témoins: c'est la musique des sphères deRobert Fludd. Selon les autres, le monde est dépourvu de la structure que nous lui inputons: nous ne faisons que tenter d'accorder le monde aux structures mentales du paradigme en cours. Les premiers se considèrent hors de la boîte de Schrödinger, alors que tout témoin en fait partie; et les autres nient le bruit que fait un arbre lorsqu'il tombe sans témoins. Il me semble plutôt que selon l'Aleph des kabbalistes, ce qui est en haut comme ce qui est en bas, les macroprosopées se réflechissent en nos microprosopées, the world is the word is the world, et la structure de notre pensée se love naturellement dans les creux et les courbes du monde tangible. Larves vaguement conscientes dans un monde mort ou univers illusoire crée par la conscience pure, das ist daselbe. Telle semble résolue l'énigme quantique: onde ou particule, c'est bonnet blanc et blanc bonnet. -- Le nom de Purpulan, ange déchu, dans Les Enfants du Limon de Queneau est issu de porphyre. Il s'apparente ainsi à Porfirio, accompagné de l'ange déçu Gabriel dans l'éponyme de F'murrr. -- En s'obstinant à vivre, il s'agit de devenir, mûrissant jour après jour, le produit canalisé, son propre approfondissement, la moëlle substantifique des jeunes cons: un vieux con. Un anniversaire ne fait que célébrer la séparation du placenta. En guise de réminiscence généralement le fêtard reçoit du gâteau, ce qui devrait symboliser l'époque perdue où la nourriture était pourvue sans effort. Il serait préférable de célébrer la date d'insémination, moment autrement plus capital, environ 9 mois avant la naissance. Encore les parents devraient-ils noter méticuleusement leurs dates de fornication dans un agenda afin de pouvoir cible la date exacte. On pourrait fêter l'évènement par du tir à l'arc, un saut à l'élastique ou une partouze généralisée.
-- Mon état est mal heureux: atteint de bonheur mais pas foutu d'en faire quelque chose. -- Aux quatre bêtes de la providence, devenues symboles des quatre évangélistes, correspondent en creux le lion, le dragon, le basilic et la vipère, misères de la chair, de l’esprit, de l’orgueil et de la mort, devenues symboles des quatre cavaliers de l’apocalypse, à savoir la famine, la peste, la guerre et la mort. Apparemment la peste doit être considérée comme le fléau de l’esprit. Je pensais que c’était le calembour. -- Se faire accuser d'être illuminé. C'est un compliment. -- Nous sommes dans la « mort du réel » tel que l’a prédit le TS Baudrillard, la préexistence du simulacre dont le réel n’est plus qu’une ombre. La « liquidation du référentiel » a tourné les tables: d’abord une carte doit être dressée avant de pouvoir être témoin du territoire. Nous avons depuis longtemps quitté l’abstraction, les schėmas n’ayant plus d’autre attache que dans leur concept. Ce monde est devenu la carte complète de Borges, le réel est censé s’adapter à ses définitions. Tout a commencé lorsque le premier cavernicole, émerveillé par la limitation de ses sens à s’approprier la réalité, s’est persuadé à dessiner la première flèche sur le premier dessin d’auroch; suivèrent les premières lois décrivant la société idéale, puis les machines prirent le relais en effaçant les limites du simulacre. En somme religion, législation et digitalisation ont perdu le monde en limitant par décret sa possible exploration. On pourrait applaudir l’imagination au pouvoir, le tout étant issu du monde intérieur; mais le seul imaginaire est celui dont la tangente accommode le pouvoir en place, et c’est maintenant sur la derniére bouée de l’individuel, l’imagination, que se greffent les griffes de l’Ordre. Les plus bas esclaves de la Rome antique au moins pouvaient encore rêver de liberté, les esclaves du présent rêvent de chaînes plus fortes aux airs de « Fais-moi mal, Johnny ». -- Sans elle, l’absolu est absous. Part donné, tel Osiris ayant paumé sa bite. -- On naît et on meurt tout seul. Entretemps on peut se bercer d’illusions. Illusions dont ma vie aura été quasiment dépourvue. Ce n’est pas un regret, c’est une constatation. Ni l'un ni l'autre n'aurait pu prévoir leur coup de foudre mutuel. Pourtant c'est exactement ce qui arriva lorsque Gilberto Garinaga et Penelope Allacarvo se rencontrèrent dans la torpeur de l'été sur les Ramblas. Ce fut l'amour fou du premier coup. La différence d'âge - Gilberto allait sur ses 87 piges et Penelope venait à peine de souffler seize bougies - leur importait peu. Ainsi donc ils décidèrent d'un commun accord de s'aimer, et dans un effort surhumain Gilberto réussit à bander suffisamment pour enculer sauvagement sa dulcinée qui désirait rester vierge jusqu'à leur mariage officiel. Résultat: rupture d'aneuvrisme.
On enterra le vieux cochon le dimanche suivant. L'assemblée admira la profonde dignité de sa petite fiancée pétrifiée de douleur, qui pendant toute le service refusa vaillament de s'asseoir. -- Timball Debenhams percuta le bord de la table raide mort, le visage livide, les yeux perçant l'infini, et plongea la tête dans sa soupe. Scotland Yard, aussitôt sur place, l'arrêta et l'incarcéra dans une des cellules de sa gracieuse majesté. "En effet", dit l'inspecteur Darvel, "Tout décès n'est permis qu'à l'issue d'une longue maladie. Or il n'y eut aucun râle, le linceul était donc cousu de fil blanc". -- En cette année 3214, les magazines sont vendus avec une armoire en prime. Au début c'est chouette, on part acheter un magazine et on rentre avec une armoire. Mais si on s'abonne ça coince: au bout d'un temps on ne sait plus où les mettre. Et encore, je parle pas des journaux. Là le gadget c'est un porte-clefs, tu te rends compte, chaque jour un porte-clefs? Au bout d'un an ça fait un tas énorme, moi j'en ai déjà une armoire pleine. -- Anselme Phacochard avait été prévenu par une voyante. Il devait mourrir d'une mort violente due à la guerre un 12 octobre. Ça l'avait bien fait rigoler. Il avait tout oublié de cette visite lorsqu'il s'exerca au tir à l'arc dans son jardin. La flèche toucha la partie émergeante d'un obus de la grande guerre qui avait attendu ce moment précis pour exploser. La conflagration emmena trois maisons, dix-sept véhicules et Anselme qui avait l'air d'un con en son dernier moment, tentant de se remémorer la date exacte. -- Les habitants du Haut Formistan, en plein milieu des steppes de Mongolie, ont vécu au Moyen-âge jusqu'en août 1956, date à laquelle une équipe de télévision les découvrit par hasard. Les caméras eurent un effet fulgurant: en quelques mois la civilisation Formistaltane évolua en sautant plusieurs échelons et une folie collective les poussa à produire des films. Tous les habitants s'y mirent et la cinématographie devint une sorte de religion nationale, et ceci prit de telles proportions que le Haut Formistan devint le premier producteur mondial avec 53.478 films rien que pour l'année 1958. Le thème des films était toujours le même, décrivant simplement une journée de la vie du régisseur. Au paroxysme du phénomène tous les films ne montraient que d'autres gens, caméra au poing, filmant leur propre histoire*. Vers cette époque la production périclita, tout ayant déjà été filmé et la population se suicida collectivement. Aujourd'hui le Haut Formistan est le siège d'une secte d'employés de bureau (mais c'est une autre histoire). * Un club cinéphile d'Orégon s'est depuis lors occupé à recenser les recoupements, visionnant sur plusieurs écrans les scènes de caméramen se filmant mutuellement. -- Hégésippe Arbogast avait lu tous les livres de la petite bibliothèque municipale dont il était l'unique bibliothécaire. Lorsqu'à la suite d'un accident il devint aveugle, il continua à exercer ses fonctions comme auparavant. En effet, sa mémoire prodigieuse lui permettait non seulement de connaître l'emplacement de tous les ouvrages, non seulement de reconnaître les couvertures au toucher, mais de réciter par coeur le contenu de chaque page qui passait entre ses mains. Sceptiques, adeptes ou ignorants: toute raison est folie d'un autre. Certaines folies sous l'effet d'un petit effort peuvent se partager: ainsi, Brunet classe Jacob Boehme parmi les fous littéraires. Il est probable que d'un point de vue laïc, le Zohar et ses émanations peuvent sembler un parangon du genre. Raison et folie: toutes deux sont les extrémités du même couteau sans lame auquel manque le manche.
-- Eden est un jardin situé dans le paradis. Or le paradis n'est pas un jardin, c'est un arbre. -- La fiction de la fiction Dans la narration figurative souvent la fictivité des personnages est dénoncée par des apartés avec le lecteur. Ainsi Little Némo, dans chaque dernière case, tombé du lit, le regard de face prenait le lecteur à témoin de sa réalisation que l'histoire qui précède n'était qu'un cauchemar: fiction de la fiction. La découverte de la fictivité peut se traduire en divers cas de figure: confidence avec le lecteur, exploration du médium (apparition de la couleur chez Masse, jeux avec les cases chez Andréas ou Dave Sim), décodage des structures narratives, rencontre avec l'auteur chez Gotlib, Crumb ou Sim (ou plutôt avec une représentation également fictive de l'auteur). Les parodies possèdent plus particulièrement l'art de se jouer des conventions narratives. Ainsi dans "Douze travaux à fond la caisse" de Vincent Hardy, l'un des protagonistes est le nombre des pages. Ashe Barrett doit y performer 12 travaux mais les 48 pages n'y suffiront pas et il se fait réprimander par ses employeurs. L'histoire s'enlise de plus en plus, les personnages se noient dans un potage textuel. On voit les ficelles. Chez Fred, Philémon voyage dans un monde littéral, traversant la dimension des cases: "très loin et en même temps très près — juste entre les cases. Juste entre les lignes." Sources: Sylvain Bouyer in les Cahiers de la BD, #78 p. 89. - Fred: "Le diable du peintre", Dargaud 1987. -- Se repulen: nous sommes des monstres incompris qui se font beaux à l'aide miroirs déformants. Avant tout, après tout et par-dessus tout il s'agit de briser les miroirs. -- Je crois en rien. Je crois donc en quelque chose d'infiniment supérieur au concept divin: Ayin. -- Tout comme Roussel était un avantgardiste qui s'ignorait, Queneau était un initié inconscient. -- Quelle est la couleur de la pensée? On serait porté d'emblée à l'imaginer transparente, mais c'est faux. Si on pense à la couleur verte, la pensée est verte; or on ne peut pas penser à une couleur transparente sans penser aux couleurs de la scène à l'arrière-plan. La couleur transparente est inimaginable, tout comme un électron n'a pas de couleur. |
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chasing the Snark into the fnords
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October 2019
Borsky
Auditeur Réel du Collège de 'Pataphysique, Maybe Logician, Orde van de Blaasmachine in de Bâtafysica, Chorepiscopische Protonotaris, Zetetic Patagnost |